Dans la jungle, terrible jungle, le lion est mort ce soir… Bon mettons les choses au clair : il n’y a pas de lions dans la jungle et cette chanson, d’origine sud-africaine, a été dramatisée à la traduction car en anglais, les paroles sont « le lion dort ce soir ».
Fin de la minute culturelle.
Préparation
C’est depuis la ville de Rurrenabaque, que nous avons atteinte en avion, où l’on commence nos recherches pour une expédition dans la « selva ». Ce mot utilisé utilisé localement pour désigner la jungle, signifie en réalité forêt en espagnol. Vous vous demandez sûrement pourquoi nous avons pris l’avion car nous vous avons juré que nous ne nous déplacerons qu’en bus . La route de la mort vous connaissez ? Une des routes les plus dangereuses au monde, à flanc de montagne, parcourue par des bus pas flambant neufs. Tout ce beau programme pendant 24 heures au meilleur des cas… ça ne vous fait pas rêver ? Et bien à nous non plus ! Si vous voulez en savoir plus on vous recommande vivement le blog de Thomas, français que nous avons rencontré à la Paz.
Pour nos lecteurs qui souhaiteraient aussi opter pour cette alternative, sachez que le vol dure 30 minutes depuis la Paz et que cela vous coûtera environ 1300 bolivianos par personne aller-retour sur la compagnie Amaszonas. Évitez les premiers vols du matin en basse saison car ils sont décalés s’ils ne sont pas pleins.
Arrivés à 12h00 sur une piste sans aéroport, nous passerons l’après-midi à chercher THE agence qui nous emmènera dans l’Amazonie bolivienne au sein du parc naturel Madidi. Nous craquerons pour le tour le moins luxueux et le plus aventureux avec Max Jungle pour 900 bolivianos par personne pour 3 jours et 2 nuits. Cette agence fondée par 12 frères qui ont grandi dans la forêt, offre aussi des tours combinés intéressants dans la pampa bolivienne où l’on observe beaucoup d’animaux mais aussi des tours de type survie dans la jungle. On passera notre tour pour l’instant. Autre particularité de cette agence, le père de famille serait l’un des membres de la tribu indigène qui a retrouvé, Yossi Ghinsberg, un israélien perdu dans la jungle pendant 3 semaines sans vivres, sans armes et sans carte de la région. À son retour en Israël, Yossi écrira un livre, Lost in the jungle, qui influencera à jamais le destin touristique de Rurrenabaque, Rurre pour les intimes.
C’est donc pas très rassurée que je m’endors alors que Jérémie est heureux et impatient.
Jour 1
Nous avions rendez-vous à 8h00 à l’agence pour laisser tout le surplus de nos sacs et récupérer matelas, moustiquaire, provisions et chemises longues manches gentiment prêtées par Marie, la gérante mariée à un des frères. Trois heures de bateau agréables et pittoresques nous séparent du « camp ». Celui-ci est assez animé en ce moment car y travaillent 6 personnes, guides ou touristes bénévoles, pour construire des cabanes en bois dans des arbres.



Après avoir été accueillis par de magnifiques papillons, nous rencontrons notre guide, Gary. Jeune et discret, il connaît la forêt comme sa poche ayant appris auprès de son papa, comme il le dit si fièrement. On s’éloigne du camp de quelques mètres et là c’est l’enchantement: concert de bruits non identifiés rendant le moment magique et indescriptible.
Après un déjeuner préparé gaiement par le cuisinier, nous entamons l’exploration de la jungle pendant trois bonnes heures. Le sens du mot humidité prend tout à coup une nouvelle dimension… Gary nous enseignera les vertus de toutes sortes d’arbres, lianes et plantes.
On goûtera aussi à toutes sortes de fruits que nous n’avions jamais vus auparavant. Si cela a contenté notre curiosité, on se rend vite compte que ce qui pousse dans la jungle n’est pas n’est pas très nutritif et que sans la pêche, il serait dur d’y vivre en autonomie.
Une pause dans cette longue randonnée pour jouer à Tarzan… ça n’a pas de prix !

Quelques passages mettrons à rude épreuve le sens de l’équilibre légendaire de Jérémie pour le plus grand plaisir du guide et de moi-même. Il sera récompensé quand le guide lui fabriquera en moins de 15 minutes un « bertel de l’eau ».

On écoutera un couple de toucans chanter à tue-tête.

Nous ferons un dernier détour par un lieu sacré pour les anciens, dû à une forte présence en minéraux sur le seul endroit peu boisé que l’on rencontrera pendant 3 jours.
Sur la fin de ce parcours, nous croisons des singes qui nous lancerons des branches et un cochon sauvage que notre guide aiguisé, réussira à ramener au camp et à apprivoiser. Il s’appellera Pumba et selon notre guide il portera chance au camp. Et nous qui pensions qu’ils allaient le manger… Au contraire, il aura droit à une gamelle !
Après le dîner nous avons rendez-vous avec notre guide et notre cuisinier pour le rituel rendu à la déesse de la Terre « Pachamama ». En effet nous sommes mardi et nous apprenons que les mardis et vendredis sont des mauvais jours pour aller dans la forêt et qu’il faut demander protection pour notre séjour. C’est donc à base de feuilles de coca, de cigarettes, de bougies et d’un alcool de canne que nous avons exécuté le rituel en écoutant les légendes et récits de nos hôtes.
Il est temps d’aller dormir. Pour refuge ce soir pas de maison en dur, pas de tentes de camping… juste une bâche et une moustiquaire ! Pour ceux d’entre vous qui me connaissent, je suis ravie et prévois d’avance de ne pas fermer l’oeil de la nuit. Pourtant ce n’est qu’à 8h00 le lendemain matin que nous referons surface !
Jour 2
Au programme du jour, une descente en bateau pneumatique sur la rivière pour aller admirer des oiseaux aux pieds de la falaise où ils font leur nid. Nous nous rendrons ensuite au-dessus de cette même falaise pour les voir prendre leur envol.



Sur le chemin du retour, on apercevra des chenilles qui ressemblaient pendant plus de 30 secondes à une énorme araignée et m’ont valu une grosse panique (pas idéal quand on est près du vide).
Quelques minutes plus tard, le guide me lance « oh regarde ce serpent! » Pour ceux qui m’ont côtoyée en Afrique du Sud, vous connaissez sans doute ma capacité à nier l’existence même de cet animal tant ma peur est grande. C’est donc par réflexe que je fais demi-tour et cours vers Jérémie en hurlant « non ! non ! non ! », effrayée. « Ha ben il est parti là c’est sûr ! » réplique le guide. Avant même que Jérémie ou moi-même l’ayons aperçu.
Le guide me dit alors d’un air malicieux : « Et tu veux dormir plus profondément dans la jungle ce soir ? ! »
A contre-courant, le retour sera physique pour les hommes, ce qui me laissera le temps d’arrêter de penser aux serpents et aux araignées et apprécier le paysage. Nous ferons une pause pour une tentative de pêche qui restera infructueuse malgré la persévérance de Jérémie. Nous n’aurons pas le droit à des piranhas au dîner ce soir !

De retour sur le camp, nous avalons notre déjeuner avant de nous engouffrer avec toutes nos affaires al dentro de la jungle où nous passerons la nuit. Après une balade au coucher du soleil notre guide nous dit de nous reposer et que nous sortirons quand il fera nuit noire. Au fond de moi je me demande bien pourquoi j’ai accepté ce parcours… Je reste à l’extérieur de la moustiquaire et voit la lumière du jour mystérieusement diminuée sous la dense végétation. Une petite grenouille jaune me sort de mes pensées et j’aperçois alors des petits singes juste au-dessus de nous. Voulant faire profiter le guide et Jérémie du spectacle, je les appelle bruyamment avant que le guide me lance un « chut » qui me fait tout de suite rentrer sous la moustiquaire. J’apprendrai plus tard que se sont des singes carnivores !
Jérémie et notre guide s’endorment en ronflant pendant que moi, pas du tout rassurée, je suis toute habillée et chaussée, prête à ressortir dès que Gary nous l’indiquera. Les bruits de la forêt changent et il fait maintenant complètement noir. Le frémissement des feuilles au sol me rappelle que nous ne sommes pas tout à fait seuls dans la jungle ce soir… De temps à autre un luciole vient me perturber un peu plus dans cet environnement hostile. Je décide donc de garder les yeux fermés et me persuade que ma moustiquaire est une protection fiable. Le temps me semble bien long et je ne ferme pas l’œil de la nuit.
Jour 3
A 5h00 du matin Gary donne enfin le signal du lever. Jérémie explosera de rire en constatant que j’ai passé la nuit toute habillée avec mes chaussures de rando aux pieds et que je n’avais même pas déplié mon sac de couchage… Il rigolera moins en trouvant ses chaussures remplies de fourmis !
Nous voilà donc partis aux aurores à la poursuite d’un bruit pareil à ce que pourrait faire un gros dinosaure mâle en ronflant. Le cri est tellement assourdissant que je me prépare psychologiquement à voir de sérieuses bêtes en meute. Que nenni, il s’agissait d’un seul et unique petit singe… Ni Jérémie ni moi n’en croyons nos yeux !
Gary demande soudainement à Jérémie s’il veut boire de l’eau et en deux temps trois mouvements, il coupe une grosse liane de laquelle jaillit de l’eau en continu, filtrée par différentes couches d’écorce. Très impressionnant et rafraîchissante !
Comme n’arrêtera pas de le dire Gary, la forêt possède tout ce qu’il faut pour survivre : à boire, à manger, des médicament, du poison, de quoi s’abriter, etc.
De retour au camp après une longue randonnée, la fatigue se lit sur nos visages et le gâteau préparé je ne sais comment par notre cuisinier est le bienvenu. Nous nous adonnons à notre dernière activité avec notre guide : l’artisanat. En moins de deux heures, il aura taillé dans des fruits de la famille du coco des alliances pour Jérémie et moi, et fabriqué deux colliers que nous portons toujours aujourd’hui.
Concernant l’histoire des alliances, Gary a bien essayé de nous convaincre de nous marier dans la jungle par le chef du camp, fils de chaman, mais nous n’avons pas succombé prétextant que nos familles et amis n’étaient pas là ! Gary finira ce tour par « mon travail s’arrête là… je vais maintenant retourner construire les cabanes. Bonne chance pour la suite ». C’est avec un peu d’émotion que j’accueille ses au-revoir, car il était attachant notre Mowgli bolivien. Le jour, il se baladait torse nu, en short et savates avec sa machette à la main, alors que le soir il nous racontait comment il avait rencontré sa petite amie allemande le soir !

Une pluie diluvienne s’abat soudainement sur le camp. Cela fait son petit effet quand même car d’un coup des branches se mettent à tomber comme des mouches et nous avons pour seul abri une bâche en plastique.
Le bateau arrive juste au moment de notre dernier repas et nous ramène sous un temps maussade à Rurrenabaque où notre avion décollera le soir même.
On retiendra:
– le volume sonore de la jungle à toute heure et les mystères que cela comporte car la plupart de ses habitants sont perchés en haut d’arbres très haut!
– la sagesse et la connaissance des vrais guides. Mais aussi la précarité de certains d’entre eux face à des agences et touristes peu soucieux du respect des animaux même si le parc Madidi reste l’une des zones naturelles où la nature est la mieux préservée.
– du vert du vert et encore du vert ! Le vol en avion nous donnera une vue d’ensemble inoubliable mais incomparable au sentiment que l’on a ressenti lors des randonnées sur place.

Jean-Marc DELPHIN
Une bien belle expérience !
Soba
Ouahhhh….. Les oiseaux dans la falaise …. Des aras non ?
Aurélie
Ouiiii bien joué c’est la première fois que j’en voyais c’est trop beau et leur chant vraiment impressionnant