Après avoir vécu en Afrique australe, je dois bien avouer que, si génial que soit notre voyage, il y a quelque chose qui nous manquait cruellement. Vous l’aurez peut-être deviné, il s’agit des animaux sauvages. Non pas que nous n’en ayons pas vu, mais ça avait un peu le goût du Babybel pour quelqu’un habitué à manger un camembert de caractère.
Tout cela pour vous dire à quel point nous attendions ce court séjour dans le Pantanal brésilien. Le Pantanal est une région humide, voire marécageuse, frontalière du Brésil et de la Bolivie, aux portes de l’Amazonie. Elle est réputée pour sa biodiversité. Recommandée par des amis et par les guides de voyage, on s’imaginait déjà faire des safaris dignes du parc Krüger.
Et bien ce fut une déception !
Le Pantanal est une vaste région. Touristiquement parlant, côté brésilien, on le divise souvent entre le nord, plus isolé, plus exclusif, plus riche en espèces, mais beaucoup plus cher, et le sud, plus accessible à tous points de vue. En Bolivie, il n’existe pas d’infrastructure permettant une exploration touristique.
Bien entendu nous étions au sud.
La région n’est pas très peuplée, et il n’y a donc pas vraiment de villages dans lesquels on peut se rendre par ses propres moyens. Le logement et les activités sont organisées quasi exclusivement par les fermes, la plupart du temps sur leurs terres. Les acteurs du tourisme font tout pour que tout passe par des agences : c’est donc un circuit très balisé. Concrètement, l’agence vous récupère et vous ramène à la ville la plus proche, donc en général Campo Grande, Corumba, ou éventuellement Bonito et vous amène à la pousada. Là, tous les repas sont compris (buffets) et vous avez le droit à 7 activités en 3 jours.
Atteindre la pousada Santa Clara, notre havre de paix au milieu de la jungle hostile, n’est pas une mince affaire. Depuis Bonito, un taxi nous amène jusqu’à Miranda, au carrefour de la route principale. De là, le minibus qui effectue le transfert depuis Campo Grande nous récupère et nous amène jusqu’à Buraco das Piranhas, à l’entrée du parc, où les touristes sont dispatchés selon le logement qu’ils ont réservé. On nous installe dans un camion ouvert aménagé avec des bancs qui se rapproche un peu de ceux dans lesquels on transporte les bestiaux.
Le logement
C’est sans conteste la bonne surprise du séjour.
D’abord, les pluies diluviennes de la veille ont inondées le camping : nous devions y dormir, dans des hamacs alignés sous un toit de bois. C’est impossible et nous avons donc le plaisir d’être surclassés en dortoirs. C’est un soulagement non seulement en terme de confort, mais aussi car on se rend compte que le camping est loin et que toutes les facilités sont situées au logement principal : salle à manger, piscine, etc. Pour la première fois du séjour en revanche, le dortoir est non mixte. Notre groupe ne contient au début que des filles, du coup Aurélie doit s’entasser dans une chambre pleine alors que j’ai 5 lits pour moi tout seul.
A peine arrivés, on a du temps avant la première activité, aussi je me précipite dans la piscine pour me rafraichir. Elle n’est pas grande mais ça fait du bien.
L’autre point sympathique, c’est la mangeoire qui attire tous les oiseaux colorés – aras, perroquets, etc. – près de la pousada.
La quiétude du lieu sera néanmoins en partie troublée par un groupe d’une vingtaine d’australiens excités.
Safari de nuit
On attaque dès le premier soir par un safari de nuit. Surprise, le camion utilisé est la même antiquité qui nous a amené jusqu’au logement. Comme en Afrique, le principe est d’utiliser des gros spots et regarder les repérer les yeux qui brillent dans la nuit. La ressemblance s’arrête à peu près là. Je suis surpris du temps passé sur la « route principale » – une route de terre entourée de terrains privés inaccessibles, sur laquelle circulent des camions – avant d’atteindre le lieu où nous allons commencer le safari. Intérieurement, je me dis que si on compte le retour, le temps passé sur place sera minimal. Finalement nous nous arrêterons plusieurs fois pour voir des caïmans et je finis par comprendre que c’est uniquement cela le safari, rouler le long de cette route, et je commence un peu à déprimer. Au final, hormis les antiques sauriens, nous verrons quelques porcs sauvages, et une grosse araignée. Maigre bilan. On aura quand même un peu rigolé devant la crise d’hystérie d’une touriste israélienne qui nous accompagne, lorsqu’un qu’un insecte volant non-identifié décide de venir la titiller.
Nous nous consolons comme nous pouvons avec le buffet, copieux, varié et plutôt bon.
Safari et marche
Le lendemain, on attaque avec un nouveau safari, de jour cette fois, combiné avec une marche dans la forêt tropicale. La ballade en voiture a lieu sur la même route que celui de nuit, et on y voit à peine plus d’animaux. On apercevra encore des caïmans, une sorte de petite biche et des capybaras, la plus grosse espèce de rongeurs existante, mais très peu de temps. A pied, ça sera encore pire, entre les millions de moustiques qui nous agressent, la pluie, la chaleur accablante. Le guide nous emmène jusqu’à un étang où parfois, parait-il, les animaux viennent se regrouper, mais pas aujourd’hui ! En tout et pour tout, on tombera sur une poignée de singes hurleurs, que l’on a déjà vus en Amazonie et des coatis, déjà vus à Iguazu.
Pêche aux piranhas
La pêche aux piranhas restera une des activités marquantes de ce petit séjour. On prend le camion en direction d’une petite rivière pour essayer d’attraper quelques-uns de ces carnassiers tueurs d’hommes. L’équipement semble rudimentaire : des cannes en bois avec un fil simplement attaché et un hameçon grossier ; comme appât, quelques bouts de viande. Pourtant, cela s’avère plus facile que prévu. A peine quelques secondes après la mise à l’eau, la ligne commence à tirer. Presque du premier coup, je ramène un spécimen. Je retire l’hameçon du monstre encore vivant avec beaucoup de précaution pour garder tous mes doigts entiers. Après 2 ou 3 autres tentatives tout autant couronnées de succès, je comprends que ni la chance du débutant ni mon talent tout relatif n’expliquent cette pêche miraculeuse. Les eaux sont simplement pleines de poissons, et ceux-ci sont voraces. Les trois israéliennes se sont installées un peu plus loin, derrière une butte, et j’entends les cris hystériques de l’une d’entre elles, toujours la même, qui nous indiquent que ça doit mordre chez elles aussi. Aurélie, d’abord hésitante, se laisse prendre au jeu et obtient aussi de bons résultats. Ça reste moi qui doit retirer l’hameçon de ses frétillantes victimes.
Avec une quinzaine de poissons à nous 2, on a assuré notre supplément au repas du soir. Bien sûr, le butin est partagé avec le guide et le staff des cuisines qui nous les préparent pour le diner. Même s’il n’y a pas énormément à manger, car seul le dos du poisson est charnu, son goût est agréable, surtout pour un poisson d’eau douce.
Encore une marche
Pour ce deuxième circuit, nous partons directement de la pousada. A cause des pluies récentes, on doit faire quelques détours pour contourner des parties inondées, mais à un moment donné nous sommes obligés de traverser à pied. L’eau nous arrive presque aux genoux et nous devons terminer avec nos chaussures trempées. On voit encore moins de choses que lors de la première marche mais le temps est plus clément. On croise un petit serpent vert et le guide nous apprend quelques trucs sur les oiseaux. Une fois de plus, on reste sur notre faim.
Balade en bateau
Arrive enfin l’activité que j’attendais avec impatience pour relever la fadeur de notre séjour : la balade en bateau. Bonne prévision, ce sera effectivement le point d’orgue de cette escale. Tous les gens de notre groupe étant partis, nous sommes ajoutés à un autre groupe pour cette balade, avec un guide différent. Nous sommes une douzaine sur une barque à moteur. On remonte un petit cours d’eau boueux bordé de forêt. Outre les habituels caïmans, que l’on va certes approcher davantage, on voit enfin les capybaras de près, en train de nager. De nombreux oiseaux – hérons, ibis, etc. – sont posés sur des arbres et s’élancent d’un vol majestueux à notre approche.
C’est à ce moment-là que va se produire LA mésaventure de la semaine. A un moment donné, le guide se dirige vers la rive pour mieux voir un oiseau posé sur un arbre. Au moment où il coupe le moteur pour s’approcher en douceur, je vois plusieurs personnes paniquer simultanément dans le bateau, agitant les bras, criant, se levant. Le guide a un bon réflexe et démarre le bateau en trombe. Je comprends avec un gros décalage qu’il s’agit d’abeilles dont le nid était construit dans l’arbre en question et qui nous tombées dessus. Pour semer les dernières, on est obligés de foncer pendant 30 bonnes secondes. Une fois le danger passé, on constate les dégâts. Miracle, je suis l’unique personne épargnée. Tout le monde y a eu droit, y compris le guide. Aurélie a été piquée deux fois sur le bras et l’épaule. Heureusement, personne n’est allergique.
En dehors des animaux, c’est la quiétude de l’endroit qui m’a beaucoup plu.
Balade à cheval
Notre aventure se termine par une balade à cheval, qui n’a quasiment aucun intérêt. On se promène dans le domaine rattaché à la ferme où on ne voit aucun animal, qui plus est sous une chaleur accablante. J’ai de la peine pour les pauvres bêtes qui terminent trempées de sueur.
Au final, contrairement à ce qui est annoncé par l’agence, la priorité est donnée sur les activités plutôt que sur la recherche des animaux sauvages. En dehors du bateau et, dans une moindre mesure, du safari, on ne voit quasiment rien. Le séjour n’est pas désagréable mais ce n’est pas du tout ce qu’on attendait.
Après coup, d’autres voyageurs nous ont dit que durant la saison humide, on voit moins d’animaux. Ce n’est pas l’information que j’avais eue au préalable sur le net. Tous les avis que j’ai trouvé disaient que la principale contrainte en saison humide était le nombre de moustiques : de ce point de vue-là, nous n’avons pas été trompés.
On retiendra :
- vraiment pas assez d’animaux ; le « parc naturel » est parsemé de terrains privés clôturés et avec beaucoup de bétail
- le logement très agréable avec buffets, piscine, et de beaux oiseaux
- la quantité de moustiques
Thomas
On sent une grosse déception dans ses lignes, c’est dommage… Par contre en voyant les photos ça me rappelle énormément Rurrenabaque, la partie dans la Pampa ; mais je ne me souviens plus si vous y étiez allés, ou si vous aviez simplement fait la selva ?
Thomas
ah et bravo au fait : seulement 1 mois d’interruption du blog avec le retour, moi j’approche des deux mois !! vous me mettez la pression, j’ai plus d’excuse maintenant… 😉