El valle del Elquí

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La vallée del Elqui se situe entre Antofagasta et Santiago dans la région de Coquimbo.
Au départ, cette étape ne faisait pas partie de notre itinéraire car cela nous faisait faire un détour non négligeable.

Cependant, lors de notre passage à San Pedro de Atacama un guide nous avait fortement conseillé de visiter cette vallée pour observer les étoiles et découvrir le pisco chilien… tout un programme qui a bien valu le détour. Tout commence par un trajet en bus depuis Santiago vers La Serena de 8 heures alors que nous venions tout juste de faire 6 heures de bus pour rejoindre la capitale chilienne depuis l’Argentine. Jusque là rien d’anormal pour nous. Cependant, un peu fatigués nous perdons en lucidité et c’est tout naturellement que quand le bus s’arrête dans une gare à 23h00 nous récupérons nos bagages et commençons à chercher le nom des rues alentour pour nous orienter vers le logement repéré pendant le trajet. Quand on se décide enfin à demander notre chemin, un employé de la gare nous indique gentiment qu’on ne peut pas trouver cette rue car nous ne sommes pas à la Serena mais à 20 minutes de là, à Coquimbo. Heureusement que devant nos têtes abasourdies et paniquées, il demande immédiatement à un bus sur le point de décoller de nous emmener gratuitement car à cette heure-ci nous aurions dû payer très cher un taxi. La gentillesse des chiliens est remarquable. Nous devrons taper à quelques portes avant de trouver un logement ce soir-là et dormirons sans manger car tout était fermé !

Vicuña

Lors de notre séjour à Mendoza un mexicain nous avait dit que faire du stop à cet endroit était très facile. On décide donc de se poster devant l’aéroport à la sortie de la ville et commençons à lever le pouce ! Nous n’attendrons pas plus de 20 minutes avant qu’une première personne nous avance de 20 km. Il parlait extrêmement vite et on a pas compris grand chose mais c’était efficace. A peine 5 minutes plus tard un autre monsieur nous prendra et nous laissera une quinzaine de kilomètres plus loin. Et là à notre grande surprise c’est le bus local qui a fini par nous emmener. gratuitement à destination !

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 Vicuña sera notre point de départ pour une ballade à vélo, que nous avons loués chez Elki Magic, au cours de laquelle nous nous arrêterons aux points d’intérêt ci-dessous.

– Pisqueria ABA
C’est dans une maison familiale que nous découvrirons le processus de fabrication du pisco, alcool de raisin dont le processus est décrit ci-dessous. Plus sérieusement, la différence avec le vin est qu’il s’agit d’un alcool distillé. Nous ne manquerons pas de profiter de la dégustation offerte et achèterons une petite bouteille de pisco à la mangue pour l’apéro du soir !

– Cervezera Guayacán
Le Chili n’est pas réputé pour faire de la bonne bière alors quand on a su qu’il y avait une brasserie artisanale, on a foncé. Après une visite rapide de l’usine on a dégusté une bière avec des canadiennes aperçues la veille à notre auberge. C’est donc un peu pompette qu’on reprend la route pour aller déjeuner.

– Cuisine solaire: après une montée bien raide nous découvrons la cuisine solaire, spécialité d’une poignée de restaurants tous situés dans la même rue. Le principe est assez simple comme le montrent les photos ci-dessous et c’est très efficace.

On fera un petit détour dans la cour de la distillerie Capel, le plus gros producteur du coin, pour prendre quelques photos mais on ne fera pas la visite; un site industriel ça a tout de suite moins d’intérêt.

Après ces 18 kilomètres dans les jambes c’est déjà l’heure de l’apéro avant de s’habiller chaudement car ce soir nous avons rendez-vous avec les étoiles…

L’observation du ciel à Pangue

Pangue n’est pas le seul observatoire au départ deVicuña et certainement pas le moins cher. Cependant nous ne regrettons aucun des 21 000 pesos dépensés par personne. Après un transfert de 40 minutes nous nous retrouvons en hauteur au beau milieu de nulle part ! Cet observatoire est situé à quelques kilomètres des observatoires scientifiques américains, c’est dire s’il est idéalement placé. C’est un ancien astronome-physicien français qui a décidé avec 2 chiliens d’acheter le plus gros modèle de télescope grand public au Chili et de passer ses soirées à nous faire découvrir son univers… Notre univers ! Comme vous pouvez l’imaginez nous n’avons pas de photo de ce que nous avons pu observer et il est difficile de retranscrire les émotions ressenties ce soir-là. Mon manque de connaissance dans ce domaine m’a scotché car après tout nous vivons dans cet univers et je me sens bien petite après cette expérience. Nous arrivons tout juste à la tombée de la nuit et cela nous permet de voir les étoiles se dévoiler au fur et à mesure, un spectacle déjà incroyable en lui-même. Même si je suis habituée au ciel de l’hémisphère Sud (différent de celui du Nord), celui que nous voyons ce soir à l’œil nu est l’un des plus beaux ciels que j’ai pu observer. La constellation d’Orion ainsi que l’étoile la plus brillante du ciel, Sirius, illuminent le début de notre soirée. Le télescope utilisé a en mémoire plus de 100 000 positions positions pré-enregistrés et nous en balaierons une petite quinzaine ce soir là. Nous commencerons par observer des éléments se trouvant dans notre galaxie, la voie lactée. Une étoile double apprendra à nos yeux à faire la mise au point. Les étoiles doubles sont des étoiles qui sont liées par un centre de gravité commun. Nous verrons ensuite une nébuleuse de notre univers. Les nébuleuses sont des endroits où se forment les étoiles. Aujourd’hui, si l’on sait comment ce procédé se déroule, on ignore toujours ce qui le déclenche. On verra aussi la constellation (ensemble d’étoile) de la pléiade appelée ainsi par les grecs qui ignoraient pourtant que ses étoiles étaient réellement « soeurs ». On sait maintenant qu’elles sont nées de la même nébuleuse en même temps.
Nous verrons ensuite ce que Magellan, en 1519, décrit comme d’étranges nuages qui sont toujours au même endroit dans l’hémisphère sud le soir.
Il s’agit en fait de deux galaxies qui sont inscrites au Guinness des records en tant que point le plus éloigné que l’homme peut voir à l’œil nu. A ce stade, c’est déjà trop pour moi, on est en train de regarder une galaxie qui n’est pas la nôtre… Nous observerons alors une nébuleuse à l’intérieure d’un nuage de Magellan. Nous aurons aussi la chance d’observer un amas stellaire, concentration locale d’étoiles d’origine commune liées entre elles par la gravitation. Un régale pour ceux qui aiment ce qui brille !
Mars étant visible à l’œil nu, c’est Uranus que nous apprécierons de plus près.

Pour la suite du programme notre hôte va chercher manuellement avec le télescope la position de l’objet désiré. Vous devez sûrement vous demander pourquoi s’il y a 100 000 positions déjà pré-enregistrées? L’explication est simple cet objet là bouge rapidement ! Il s’agit d’une comète découverte il y a trois semaines !

Pour la suite, accrochez-vous bien : nous avons vu une étoile morte. Vous vous demandez alors, comment est-ce possible de voir quelque chose qui n’existe plus ? C’est simple : la lumière, bien qu’extrêmement rapide (300 000 km/s), ne parvient pas instantanément d’un point A à un point B. Sur terre, le temps de parcours est si négligeable qu’on a une impression d’instantanéité. Dans l’espace en revanche, les distances entre les astres sont si grandes que la lumière met des années, des siècles ou des millénaires à parvenir jusqu’à nous. Quand nous observons les étoiles, ce que nous voyons est en fait arrivé dans le passé. L’étoile que nous avons vue nous apparaît en train de se dilater, l’étape avant l’explosion et la mort. Comme nous savons à quelle distance se trouve l’étoile et combien une étoile met de temps pour mourir, nous pouvons en déduire qu’au moment où nous l’observons, elle est déjà morte.

Dans le même registre, quand nous avons regardé dans des galaxies très lointaines, on regarde alors à une époque équivalant à celle des dinosaures pour nous. Nous verrons ainsi une galaxie si lointaine que sa forme est similaire à la nôtre. Vous connaissez tous cette image célèbre de la voie lactée en forme d’élipse ? Eh bien on est en train de voir la même chose au télescope pour une autre galaxie… En dehors de l’impressionnant télescope c’est notre hôte qui m’a marqué. Il a répondu de façon si simple et passionnantes à toutes nos questions que j’ai eu l’impression d’apprendre bien plus en 2 heures que durant toute ma scolarité.
Pour finir, c’est un peu une révélation pour moi quand notre hôte nous fait remarquer que toutes les matières qui existent dans notre galaxie existent aussi dans les autres galaxies autour de nous. Ce qui veut dire que si la vie a pu se développer sur terre, alors dans le millier d’autres galaxies que l’on sait existantes, il ne me paraît plus impossible que la vie existe ailleurs, et notre hôte scientifique est tout à fait d’accord. (Bien sur je ne parle pas de petit bonhomme vert). Mais c’est un débat que je laisse en dehors de notre blog de voyage. Enfin un peu comme par magie au moment de quitter l’observatoire la constellation de la croix du sud pointe son nez. Cette constellation n’est visible que dans l’hémisphère sud et comme son nom l’indique pointe vers la direction sud. Une chose est sûre : cette soirée m’a ouvert l’esprit et je rêve encore souvent de cette nuit totalement magique pour moi; j’ai souvent la tête… dans les étoiles! Je vous recommande fortement cette visite si vous passez dans cette région. (leur site internet est ici)

Pisco Elqui

Le lendemain matin, fort de notre succès, nous décidons de faire à nouveau du stop pour rejoindre le village plus retiré de Pisco Elqui. Cependant, les deux canadiennes qui logeaient à la même auberge que nous se proposent de nous mettre dans leur coffre car elles vont aussi dans cette direction.

Nous nous arrêterons en chemin dans le seul vignoble de la région utilisé pour produire du vin et non du pisco pour une dégustation de plus !

La route est magnifique et le vert de la vallée contraste de plus en plus avec la sécheresse des montagnes qui se referment peu à peu sur nous. Après avoir trouvé une auberge pour nous et un camping pour les canadiennes nous remontons en voiture pour pousser jusqu’à Horcón où se trouve un petit village artisanal original. Un havre de paix.

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Pueblo artesanal de Horcón

De retour à Pisco Elqui nous fonçons vers la place du village car des français nous avaient fait rêver avec du pain et du fromage achetés à un vendeur ambulant de cette place. On ne sera pas déçus !

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Fromage et pain à l’ail maison… ça nous change  !

Le reste de l’après-midi sera réservé à la détente près de la piscine de notre modeste auberge. Après tout c’est pour cette ambiance si paisible qu’on vient à Pisco Elqui. Ce soir-là, le responsable de notre auberge nous propose une randonnée nocturne sur le sommet d’une colline surplombant le village pour regarder les étoiles. Jérémie partagera une bouteille de pisco local avec des français rencontrés le  matin même, jusqu’à tard dans la nuit !

Le lendemain matin, il est déjà temps de repartir vers de nouvelles aventures et nous ferons une expérience du stop formidable ce jour-là avec notre nouvel ami qui délivrait des bouteilles de Pisco en cadeau de fin d’année ! Nous aurons par contre une mauvaise surprise en voyant le prix prohibitif du trajet La Serena – Valparaíso et décidons donc de repasser par Santiago par un bus de nuit. Il ne reste plus qu’à s’occuper dans la gare pendant les 8 prochaines heures !

On retiendra:

  • Faire l’incontournable découverte de notre univers sous l’angle astronomique
  • Faire du stop sans aucun problème dans cette région pour économiser
  • Le vert à profusion dans une région si aride

6 Responses

  1. Thomas

    Super article ! J’avais beau avoir visité la vallée en 2010, j’ai eu l’impression de la redécouvrir autrement ! Et je suis surtout jaloux de votre stage astronomique 🙁
    Bonne suite !

    • Aurélie

      Oh merci encore Thomas car c’est toi qui dans un restaurant italien à la Paz nous a convaincu que nous devions absolument faire un observatoire au Chili ! du coup comme on l’a raté à Atacama, on a fait le detour et cela valait vraiment la peine…

  2. PELISSIER

    Très intéressant tout ça, on a l’ impression de voyager avec vous ; merci pour ces belles pages.
    En Corrèze il neige aujourd’hui…

    Mylène

  3. Crochet

    Je suis aussi jalouse que Thomas…. encore un mauvais timing pour nous…..
    Portez-vous bien !

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