Atacama était pour moi un nom mythique. J’ai rêvé plusieurs fois de cette région où sont installés les télescopes parmi les plus performants au monde.
Perché à 4000m d’altitude, avec un des climats les plus arides au monde, le plateau d’Atacama dispose en effet de conditions idéales pour l’observation des étoiles. Mais sur une note plus terre à terre, cette situation l’a également doté de paysages remarquables.
Ce petit séjour débute par la traversée de la frontière boliviano-chilienne à l’issue de notre tour de 4 jours dans le sud bolivien. Notre guide nous dépose au poste frontière côté bolivien, perdu au milieu d’un paysage quasi-martien, au pied de l’imposant volcan Licancabur. Etant donné son isolement, ce poste ne voit passer presque que des touristes, arrivés comme nous en 4×4, donnant au lieu un faux air de caravane du Dakar.

Notre tour a évidemment réservé le transfert à San Pedro. Se rendre ici en espérant acheter un ticket, c’est être joueur. Des minibus attendent la masse de touristes avec des listes de noms.
A peine embarqués, nous comprenons que nous avons changé de pays. A quelques minutes du poste frontière, la piste poussiéreuse laisse place à une route asphaltée immaculée. On voit même des panneaux de signalisation et des bornes kilométriques dont la forme est calquée sur celles des États-Unis.
Autre signe du changement, notre chauffeur, un chilien affable, nous donne un tas d’informations aussi bien pratiques que culturelles sur San Pedro et sa région. Il n’est pas guide, seulement chauffeur, mais nous a plus renseignés en trois quarts d’heure que tous nos guides (je parle même pas des chauffeurs) de Bolivie réunis.
Après quelques kilomètres de route, l’interminable plateau d’Atacama se dévoile devant nous en contrebas. La route descend en pente douce vers la ville pendant plusieurs dizaines de kilomètres.
Le poste frontière chilien se trouve à San Pedro même et grâce aux conseils avisés de notre guide nous accomplissons les formalités efficacement pour nous mettre à la recherche d’un logement.
San Pedro est une petite ville essentiellement axée sur le tourisme. Les petites rues en terre, bordées de batisses proprettes en adobe caractéristiques de la région et toutes flanquées d’enseignes en bois gravées forment un mélange étrange à mi-chemin entre un avant-poste poussiéreux du désert et un parc d’attractions.
Le premier choc des prix passés, on se fait une raison : on a changé de pays après tout.
En commençant à se renseigner sur les activités, on se rend compte que ce qui est proposé est assez similaire à ce qu’on a pu voir au sud de la Bolivie : salars, volcans, geysers, lagunes, flamands, etc. En outre, ces points d’intérêts sont loin et les tours sont bien plus chers qu’en Bolivie.
On commence à douter de la pertinence du choix de cette destination, d’autant plus qu’une autre déception nous attend : les observatoires sont fermés pile-poil pendant notre séjour car nous sommes aux environs de la pleine lune, la pire période pour l’observation des étoiles. C’est pourtant l’une des raisons principales qui nous a amené ici.
Malgré cette légère déconvenue, on trouve quand même deux activités prometteuses à nous mettre sous la dent.
De plus, on retrouve les deux sympathiques françaises, Anne-Laure et Mélanie, avec qui on avait fait Torotoro. Étant toujours avec Éléonore et Mathieu, nous constituons un petit groupe de 6 pour une excursion en vélo.
Vallée de la lune
Faisant preuve de beaucoup d’originalité dans les noms, de nombreuses régions en Amérique du Sud possèdent leur Valle de la luna. Il s’agit généralement d’un endroit aride parsemé de formations géologiques remarquables faisant penser à des paysages lunaires.
San Pedro de Atacama ne fait pas exception à cette règle et nous nous laissons tenter. Le site se trouve à une 15 kilomètres de la ville et s’étend sur une dizaine de kilomètres. Cela en fait une destination idéale pour être visitée à vélo. La plupart des visiteurs, et il y en a beaucoup, prennent un tour à la journée en bus mais je trouve ça un peu dommage.
La vallée est parsemée de points d’intérêts que nous allons parcourir au long de cette journée.
Tous ne sont pas exceptionnels : on entame avec un petit canyon étroit, puis un ensemble de grottes formant une suite de tunnels. Un autre site près du fond de la vallée comprend d’anciennes mines de sel dont les cristaux immenses forment les parois.
Les deux éléments les plus marquants sont l’amphithéâtre et surtout la grande dune de sable, magnifique, aussi bien vue d’en bas que de son sommet. Tous les touristes l’escaladent, ou plutôt grimpent sur la colline sur laquelle elle est appuyée pour voir le coucher du soleil, ce que nous faisons également. La dune elle-même est interdite d’accès : je me demande si c’est pour ne pas l’endommager ou parce qu’il reste des mines dans la zone de l’époque de Pinochet. Au sommet, une crête étroite s’avance perpendiculairement à la vallée sur un bon kilomètre, entourée de deux canyons. Je vais jusqu’au bout à toute vitesse pour ne pas louper le coucher du soleil sur la dune. Elle se termine là où les deux canyons se rejoignent en une nouvelle vallée : c’est impressionnant mais je dois faire demi-tour.

On s’assied pour regarder le spectacle du crépuscule. Ici, ce n’est le soleil couchant le spectacle, mais les couleurs qui changent progressivement sur la vallée puis sur les montagnes et les volcans au loin. Notre regard est donc vers l’est.
On redescend par le chemin même si on rêverait de dévaler la dune comme en Namibie. On doit ensuite rentrer à la lueur des frontales et c’est Aurélie, mue par un sursaut d’énergie inopiné, qui mène la course et nous oblige à forcer l’allure pour pouvoir la suivre.
Les lagunes
Des lagunes, on en a vu des tonnes dans le sud de la Bolivie. Celles d’ici sont dans le même genre. Alors pourquoi aller les voir ? C’est simple : ici, on peut s’y baigner !
On prend un tour à la journée qui nous amène voir plusieurs d’entre elles. Le prix est raisonnable. On commence par la laguna Cejar qui effectivement nous rappelle la Bolivie : les abords sont en sel, il y a des flamands roses, etc. C’est joli mais du déjà vu. Il fait une chaleur insoutenable, peut-être la plus haute température de tout notre voyage.
Le deuxième site s’appelle Los Ojos del salar – les yeux du salar : il s’agit de deux trous naturels remplis d’eau légèrement salée. Il est possible de faire un saut dedans depuis le rebord 2m au-dessus, ce qu’on ne se prive pas de faire étant donné la chaleur ambiante. Elle est glacée et nous saisit. On ne s’y éternise pas. Le tour est très populaire, donc les sites sont envahis par les touristes, mais notre agence fait le tour à l’envers par rapport à la majorité aussi nous sommes un peu plus tranquilles.
Nous terminons par une dernière lagune très salée, la laguna Tebenquiche, dans laquelle nous flottons, comme sur la mer Morte. C’est vraiment une sensation très étrange et très agréable. L’eau est un peu fraiche et, le soleil se couchant, la température tombe brusquement. On sort et le temps de diriger vers les douches aménagées sur le site, on est totalement recouvert d’une croûte de sel. On pourrait croire qu’on va se pétrifier.
our ceux qui seraient tentés d’y venir, sachez qu’il était prévu que le tarif d’entrée à la lagune explosent au 1er janvier 2015, passant de 2500 pesos (3-4€) à 30000 (40€), le but étant apparemment de protéger le site en évitant la sur-fréquentation.
On termine le tour et la journée par un apéro au soleil couchant au bord de la lagune, avec vue sur les volcans : saucisson local et pisco sour (cocktail à base de pisco, l’alcool national, et similaire à une margarita).
Le guide nous raconte une légende locale ayant trait aux amours des volcans et des montagnes, impliquant le fameux Licancabur. J’étais sur le point de vous la raconter mais j’ai trouvé quelqu’un d’autre qui le fait beaucoup mieux que moi ici.
Le musée de la méteorite
San Pedro est un endroit idéal pour les chasseurs de météorites. Il n’en tombe pas plus qu’ailleurs (la probabilité d’une chute de météorite est la même en tout point de la planète) mais plusieurs conditions favorables sont réunies :
- l’extrême aridité ralentit du lieu favorise leur conservation ; on trouvera donc ici des météorites dont la chute sera la plus ancienne
- l’absence de relief qui empêche qu’ils tombent dans des endroits inacessibles (crevasses, etc.)
- la quasi absence de végétation et les couleurs claires du sol qui les rendent plus visibles (les météorites sont plutôt sombres
Un collectionneur privé a donc créé un musée à San Pedro que nous avons visité. Sa collection serait évaluée à plusieurs millions de dollars. Même si l’idée de voir des « cailloux » ne vous fait pas rêver, je vous recommande la visite pour les explication qui vont avec : un petit cours sur la formation des planètes ne fait jamais de mal.
En plus, on a fait un voeu en touchant une météorite et il s’est réalisé.

Plus d’infos sur leur site web…
À peine quelques jours au Chili et nous nous dirigeons déjà vers un nouveau pays, l’Argentine. Nous allons ainsi « tricoter » entre ces deux pays pendant plusieurs semaines.
- On retiendra :
- une situation extraordinaire au pied du volcan Licancabur
- le bain dans l’eau très salée d’une lagune
- pour observer les étoiles, éviter la période autour de la pleine lune