Buenos Aires

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Avant que je visite Buenos Aires, on m’a dit « Tu verras, Buenos Aires, ça vaut pas le coup, on dirait une ville européenne ». Je me disais qu’au contraire, je voulais absolument voir cela. Et puis c’est pas comme si je vivais encore en Europe.

Je n’ai effectivement pas été déçu : il y a de l’Europe dans cette ville-là. Mais dans leur désir au XIXe siècle d’effacer toute trace de leur passé colonial, Buenos Aires a attrapé l’européïte aïgue : tout dans l’excès. Alors on mélange tous les styles, on construit plus grand, plus haut, plus large : une Europe ++ en somme.

San Telmo

C’est là où nous logions. Un des plus anciens quartiers de la ville, il a autrefois accueilli la bourgeoisie de la colonie avant qu’une épidémie de fièvre jaune pousse les habitants à le déserter. C’est aujourd’hui un quartier un peu bohème, pas dans le meilleur des états, mais agréable quand même.

C’est aussi et surtout la Mecque du tango, là où les gens dansent dans la rue, exactement comme on l’imagine dans les plus gros clichés. Ces bals populaires gratuits, les milongas, constituent la meilleure façon d’assister à un show pour pas cher, l’autre solution étant d’aller voir les innombrables spectacles « professionnels » dans le quartier des théâtres, qui rappelle étrangement le West End à Londres.

Officiellement, les milongas sont gratuites pour les danseurs et spectateurs, mais il est de bon ton de donner une petite contribution pour participer aux frais de sonorisation. Tout le monde peut aller sur la piste mais il serait fou de s’y risquer sans savoir danser. Nous avons donc dû nous résigner à ne pas compléter notre défi.

IMG_5657La plupart des danseurs sont habillés chic, mais on a vu des gens en t-shirts et baskets, contrairement à ce qu’on nous avait dit. Le tango est la danse principale mais il y a aussi quelques morceaux folkloriques accompagnées de danses qui le sont tout autant.

Celui auquel nous avions assisté avait lieu sur la Plaza Dorrego, la plus connue de San Telmo.

Milonga sur la plaza Dorrego
Milonga sur la plaza Dorrego

C’est aussi le lieu ou se déroule l’une des autres attractions principales de San Telmo, sa feria. Tous les dimanches, elle commence sur la place et se prolonge tout le long de la calle Defensa. C’est immense. La place elle-même concentre les antiquaires tandis que plus on avance, plus les stands deviennent moins intéressants.

On la parcourra de long en large, puis on finira par boire un coup en terrasse sur la place.

Une bière fraiche sur la Plaza Dorrego
Une bière fraiche sur la Plaza Dorrego

Le centre

Comme dans de nombreuses villes, il existe à Buenos Aires un tour guidé et gratuit de la ville à pied, ou plus exactement avec une participation libre. En réalité, il y a même deux tours différents tant il y a de choses à voir. En voyageurs à petit budget, on est fans, d’autant plus que l’ambiance est généralment sympa et on a beaucoup d’infos. On a donc fait les 2.

Ce qui frappe immédiatement quand on commence à se balader dans le centre, c’est l’hétérogénéité de l’architecture, pour ne pas dire le bazar complet. Quand on se trouve sur grande place et qu’on regarde tout autour de soi, il n’est pas rare que tous les bâtiments aient un style architectural radicalement différent. On trouve pêle-mêle le style haussmanien, classique, baroque espagnol, art déco, immeubles horribles des années 60, etc. Le seul style quasiment absent est le style colonial.

L’influence de l’architecture européenne, et en particulier française est clairement visible, à tel point qu’on la surnomme souvent le Paris de l’Amérique du Sud. Dans leur volonté de s’affirmer en tant qu’état indépendant, les habitants de Buenos Aires ont choisi de s’affranchir des codes coloniaux, mais ils ont aussi été atteints de folie des grandeurs et ont construit des bâtiments plus hauts que leurs homologues européens. Par exemple, nous avons vu un immeuble haussmannien de 8 étages, comme il n’en existe pas à Paris.

Immeuble haussmanien
Immeuble haussmannien

Autre manifestation de cette folie des grandeurs, leur Avenida 9 de julio, l’avenue principale de Buenos Aires, qui est généralement considérée comme la plus large du monde avec ses 140 mètres de large. On cite parfois l’Eixo monumental à Brasilia (250m de large) mais elle est constituée d’un grand parc qui occupe une grande partie de l’espace central. A titre de comparaison, l’avenue Foch à Paris fait 120m de large. J’ai compté 13 voies de circulation pour voitures, 2 voies de stationnement, 4 voies bus, et 6 trottoirs, mais pas de piste cyclable. Le jeu consiste à la traverser en une seule fois sans attendre les feux, chose que j’ai réussie à faire (certes, le soir, avec peu de circulation).

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Avenida 9 de julio

Vers le milieu se dresse un immense obélisque rappelant le Washington monument.

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Sur un immeuble de cette avenue, on trouve également deux gigantesques portraits en fer forgé d’Eva Perón, dite Evita, épouse de l’ancien président Juan Perón, très proche du peuple et dont le décès prématuré l’a élevée au rang de légende. Elle est mondialement connue, notamment grâce à la chanson Don’t cry for me Argentina et au film Evita où elle est interprétée par Madonna. Nous visiterons également le cimetière de Recoleta où se trouve son caveau, très modestement orné.

Portrait d'Eva Peron
Portrait d’Eva Peron

J’ai été complètement subjugué par le Palacio Barolo, un immeuble de 100m de haut construit au début du XXe siècle par un industriel riche comme Crésus. A la fin de sa construction, il s’agissait du plus haut gratte-ciel d’Amérique du Sud. Cependant, ce qui rend cet immeuble si caractéristique, c’est qu’il a été complètement inspiré par la Divine Comédie de Dante. Il existe trois parties, l’enfer, le purgatoire, et le paradis. L’immeuble se rétrécit vers le haut : quatre ascenseurs vont de l’enfer au purgatoire mais seulement 1 monte au paradis. Nous n’avons pu y monter car c’est un immeuble de bureau, mais dans le hall d’entrée des sortes de gargouilles rappellent les démons de l’enfer. Barolo, fan numéro un de Dante, a même envisagé, lors du déclenchement de la première guerre mondiale, de monter une opération pour voler la tombe de Dante en Europe dans l’éventualité où le continent serait complètement ravagé et pillé. Il l’aurait alors placée dans son immeuble.

Le centre de Buenos Aires est parsemé de quelques gomeros, des arbres centenaires dont le tronc est large et noueux. Les branches sont tellement lourdes qu’elles reviennent naturellement vers le sol, aussi la ville a utilisé d’énormes tuteurs, parfois artistiques, pour soutenir certaines branches.

Une histoire nous a éte comptée à propos de la Basilica del Santisimo Sacramento, une église située dans le centre. Bâtie par les Anchorena, une famille aristocratique de la ville, elle était fréquentée assidûment par la très dévote Mercedes, la mère de cette famille. Son fils et une riche argentine d’origine irlandaise du nom de Corina Kavanagh tombèrent éperduement amoureux. Mais, Corina n’étant pas d’ascendance aristocratique, Mercedes empêcha le mariage. Folle de tristesse, Corina se vengea en achetant les terrains situés entre l’église et la demeure des Anchorena et y faisant construire le plus haut immeuble d’Amérique du Sud, de style art déco, reléguant l’église au fond d’une ruelle.

Sur la plaza de Mayo, nous avons pu admirer le palais présidentiel, mais surtout la cathédrale. Oeuvre d’un architecte français, elle ne ressemble pas du tout à une église mais plutôt à un temple grec antique, un peu comme l’église de la Madeleine à Paris. Elle a une importance particulière car l’ancien évêque de Buenos Aires qui y célébrait des messes n’est autre que la pape François.

Palermo et Recoleta

Palermo fait partie des quartiers huppés de la capitale argentine. Mais c’est dans le « vieux » Palermo qu’on trouve également une des places les plus animées de la ville, littéralement entourée de bars. On décide d’y faire un tour. On y arrive tard, mais les bars étaient encore pleins. On est partis vers 1h du matin et, bon à savoir, de nombreux bus circulent toute la nuit.

Recoleta est aussi un quartier aisé. Il abrite notamment un des plus grands parcs de la ville, ou plutôt un ensemble de parcs comprenant le zoo, un jardin zen, une roseraie, un planetarium, des parcs ouverts, etc. Et bien, je vous conseille de ne pas y aller. Le zoo et la roseraie (pourtant publique et gratuite) étaient fermées, nous n’avons jamais trouvé le jardin zen, et les autres parties n’avaient aucun intérêt, étaient désertes à l’exception de quelques gens douteux.

Recoleta abrite aussi le cimetière éponyme que j’ai cité plus haut et qui vaut la peine d’y passer 20 minutes.

La Boca

Il s’agit d’un barrio pauvre de Buenos Aires, immédiatement au sud de San Telmo. Les amateurs de foot connaissent évidemment son club de foot mythique, Boca Juniors, l’éternel rival de River Plate, le club des quartiers chics de la ville.

Peu de touristes y séjournent car il a la réputation d’être un peu dangereux, néanmoins beaucoup viennent visiter le Caminito et les rues alentour, aux façades très colorées. La plupart des touristes viennent en tour guidé et les cars envahissent une rue voisine alors qu’il est très simple de s’y rendre en bus régulier.

C’est assez mignon même s’il faut avouer que des quartiers aux maisons colorées, on commence à en avoir vu un bon paquet… Pour ne rien arranger, il pleut, aussi nous ne nous éterniserons pas.

Puerto Madero

A l’est du centre et de San Telmo se trouve le quartier Puerto Madero, construit autour d’un ancien port jamais utilisé car trop peu profond. Après des années de décadence, il a connu un renouveau et est aujourd’hui un des plus dynamiques de la ville. Outre les hauts immeubles d’habitation et de bureaux qui y fleurissent, les docks ont été réaménagés avec de nombreux restaurants et une promenade très agréable. On peut y apercevoir le Puente de la Mujer (le pont de la femme) et la frégate Presidente Sarmiento aujourd’hui utilisée comme musée.

On a fait que passer dans ce quartier pour notre dernière matinée dans la ville.

Immeubles récents de Puerto Madero
Immeubles récents de Puerto Madero

On retiendra :

  • une ville à l’architecture d’inspiration européenne surprenante et hétéroclite
  • la danse, en particulier le tango, à tous les coins de rue
  • la chaleur accablante car nous y étions en plein été austral

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  1. Virginie

    Eh Ben mon petit requin c’est tes joliment écrit !!!

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