Une virée chez les dinosaures – Parc Torotoro

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Je sais que je suis attendu au tournant sur cet article… Pourquoi spécifiquement celui-ci ? Parce que j’ai dans mon entourage quelques éminents spécialistes des dinosaures en culotte courte. Je le dis d’avance : je risque de vous décevoir car je n’ai pas très bien écouté le guide…

Le parc national Torotoro est un parc naturel bolivien assez difficile d’accès dont la grande ville la plus proche est Cochabamba. Ce parc, qui est essentiellement connu pour ses empreintes de dinosaures fossiles très bien conservées, présente également des formations géologiques remarquables qui selon moi sont d’ailleurs plus intéressantes que les empreintes elles-mêmes, mais cela n’engage que moi…

Resté jusqu’à présent à l’écart des grands flux touristiques, la situation semble changer assez rapidement et je ne serais pas surpris qu’il devienne un incontournable de la Bolivie d’ici moins de 10 ans.

Le principal frein à ce « boom » annoncé est simplement le manque flagrant d’infrastructures :

  • la route depuis Cochabamba est un enfer, 5h pour faire 120km sur une route pavée de galets
  • les bus sont parmi les pires de Bolivie, les meilleurs n’étant déjà pas brillants
  • il est quasiment impossible de trouver une information claire sur le lieu et les horaires de départ de ces bus, qui de toute façon partent lorsqu’ils sont pleins
  • des tours sont proposés au départ de Cochabamba, mais les agences sont mal informées et proposent des tarifs rédhibitoires, ce qui est surprenant car Torotoro est la principale attraction touristique à proximité de la ville

Bref, rien n’est fait pour vous donner envie d’y aller, que ce soit par vous-mêmes ou par une agence. Nous avons croisées deux françaises un peu pressées par le temps, qui s’étaient arrêtées à Cochabamba uniquement pour visiter le parc et sont reparties directement à cause du manque d’information.

Comme rien ne nous arrête, nous avons quand même bravé ces obstacles et vous avons rapporté quelques infos et photos.

Le parc Torotoro est accessible depuis un petit village éponyme, plutôt agréable pour un lieu tant axé sur le tourisme.

Dès qu’on arrive dans le village, on est particulièrement frappés par la place principale (voir la photo ci-dessous) et la démesure – toute relative – de cette installation témoigne de la volonté de passer à la vitesse touristique supérieure.

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Place principale de Torotoro

Trouver un logement bon marche reste aisé.

Pour éviter toute guerre des prix, le tourisme est organisé de manière communautaire. Sur le papier, c’est plutôt une bonne idée, mais je ne suis pas convaincu par la manière dont c’est fait. Les guides sont organisés en une corporation, avec un prix théoriquement fixe par guide et par jour de 100 bolivianos (6 personnes max), auxquels s’ajoutent les frais d’accès au parc et les frais de transport pour les sites les plus éloignés.

Déjà, pour certains sites, la présence du guide est clairement superflue, mais elle est obligatoire.

De plus, le prix est par guide, non par personne, et si vous ne voulez pas payer plein pot, c’est à vous de vous débrouiller pour former un groupe de 6. C’est un peu comme si au restaurant, vous n’aviez que des tables de 6 et un prix unique par table, que vous soyiez 6 ou non. Le prix n’est pas élevé mais c’est le principe qui me gêne.

Autre détail, le prix est soi-disant fixe par jour. Cependant, 2 randonnées présentées comme différentes constituent en fait une boucle faisable aisément en une journée, mais sont conptabilisées comme 2 activités séparées. Ils vous proposent donc de combiner les 2 pour « seulement » 150 bolivianos au lieu de 200 (car 2 randos = 2 jours) alors que ça devrait être vendu comme une seule rando.

Ce système est dommage car la dernière matinée, j’aurais voulu visiter un site de fossile marins, facilement accessible tout seul. Mais comme un guide est obligatoire, ce site étant moins populaire, j’aurais dû payer 100 bolivianos tout seul. Du coup, je ne l’ai pas fait et je suis quasiment certain qu’il n’est presque jamais visité.

Une fois passés au-dessus de ces détails, nous avons bien apprécié notre séjour.

Grotte d’Umajalanta

Arrivés à Torotoro en fin de matinée, nous nous sommes décidés, en 5 minutes, après déjeuner, à faire la visite de la grotte d’Umajalanta le jour même. Nous avons réussi à nous associer avec un autre couple pour diminuer le prix.

La grotte est aménagée de façon basique pour les visiteurs, c’est-à-dire qu’on est à mi-chemin entre la balade et de la spéléo light. C’était un défi pour nous deux car d’une part, nous n’avions jamais fait de spéléo ni l’un ni l’autre et d’autre part, je suis légèrement claustro et Aurélie n’était pas spécialement rassurée par les éventuels obstacles à franchir.

Nous devons d’abord rejoindre le site en 4×4 ; le trajet dure une vingtaine de minutes. Ensuite, l’entrée de la grotte est à environ 40 minutes de marche. Les montagnes alentour sont étonnantes : on voit très nettement grâce aux lignes sédimentaires qui forment des vagues que le terrain a été déforne par la mouvement des plaques tectoniques. La régularité de ces « vagues » est d’ailleurs impressionnante.

IMG_3055Peu avant l’entrée, nous louons un casque avec une lampe frontale puis nous arrivons enfin au départ de notre exploration.

IMG_3106Le guide nous explique que la visite comporte 7 salles et effectue une boucle.

L’expérience de la spéléo, contrairement à ce que j’aurais pu craindre, me plait rapidement. Les obstacles ne sont pas trop ardus, mais variés : plafond très bas par-ci, petite désescalade avec un bout de corde par-là, échelles, glissades, crêtes à longer au bord du vide, etc.

Le point culminant consiste à franchir un étroit passage en rampant sur du sable et en se tortillant sur le côté : ça reste pas trop méchant.

IMG_3097Hors le côté aventure de l’expérience qui m’a beaucoup plu, la grotte en elle-même ne m’a pas transcendée. J’en ai vue de beaucoup mieux à plusieurs reprises, en France et en Afrique du Sud par exemple. De plus, elle a été très dégradée par des précédents visiteurs avant qu’elle soit protégée. Dans la première salle, absolument toutes les stalactites ont été cassées : le guide nous explique que les gens en emportaient une en souvenir. Dans la salle la plus éloignée de l’entrée, il y a des tags.

A retenir quand même, quelques trucs « funs » : jouer de la musique en tapant sur des colonnes, voir des poissons aveugles dans le lac soutterrain, etc.

Expérience à renouveler donc, même si je pense pas que ce soit un sport que je voudrais pratiquer de manière plus poussée : passer dans des tuyaux de 1m de large en apnée sur 10m, très peu pour moi.

Canyon de Torotoro et empreintes de dinosaures

Le lendemain, nous effectuons l’excursion phare de ce court séjour, qui comprend la visite du site principal d’empreintes de dinosaures fossilisées et le tour du canyon. Nous sommes accompagnées par 2 françaises rencontrées dans le bus, Anne-Laure et Mélanie, que nous retrouverons à San Pedro de Atacama.

On attaque directement avec le vif du sujet, les dinos ! Le site d’empreintes est situé juste à l’entrée du village, facilement accessible. En plein air, il est entouré par un grillage dont les guides ont la clé. En toute logique, on se dit qu’il s’agit là d’un bon moyen de protéger le site. Néanmoins, quand on voit comment se comporte le guide, on se dit que ce n’est pas suffisant. Je m’explique : alors que, pour ne pas abîmer les empreintes, je veux prendre une photo juste a côté en faisant semblant d’être un dinosaure (oh ça va hein !), là, à ma grande surprise, le guide me dit de me mettre dans les empreintes, ça sera beaucoup mieux… Bon, je l’ai fait car je savais pas trop comment lui expliquer que c’était pas bien.

Mauvais exemple
Mauvais exemple

En ce qui concerne les empreintes elles-mêmes, je dois dire qu’il faut un peu d’imagination. Ça ressemble fort à de bêtes trous dans le sol, même s’ils sont ordonnés comme des pas. Il y en a 2 types : celles de gros herbivores, grandes et profondes mais dont la forme n’est pas très marquées, puis celles des carnivores, bipèdes, plus petites mais avec la marque distinctive des 3 doigts de pied. Il s’agit semble-t-il d’une scène de poursuite. Fait intéressant, le sol est très lisse mais pentu ; ce n’était bien entendu pas le cas quand les empreintes ont été faites, le sol était plat.

Les fameuses empreintes (herbivores)
Les fameuses empreintes (herbivores)
Les trois doigts des carnivores
Les trois doigts des carnivores

Vous l’aurez compris, je suis parti assez mitigé : je suis parti conscient que j’avais vu quelque chose de rare mais en elles-mêmes, les empreintes ne sont pas très impressionantes. Je manque peut-être d’imagination.

2 pattes = 1 Aurélie
2 pattes = 1 Aurélie

On continue vers le canyon. Sur le chemin, il y a quelques formations notables, comme un pont de pierre naturel en un seul bloc.

Sur le pont de pierre
Sur le pont de pierre

On arrive à un mirador sur le canyon. Une plateforme métallique qui avance dans le vide a été aménagée récemment et cela fait son petit effet. Le canon est profond mais bien large à l’endroit du mirador, ce qui offre un point de vue magnifique, d’autant plus que la falaise qui nous fait face est parfaitement verticale. Même si j’ai visité pas mal de canyons, dont certains (Canyon de Colca au Pérou, et Blyde River Canon en Afrique du Sud) avaient des dimensions autrement plus importantes, j’ai trouvé celui-ci suprenamment impressionnant et esthétique.

Canyon Torotoro
Canyon de Torotoro

Le guide nous indique qu’au niveau de ce mirador nichent des aras, mais on ne peut le voir qu’à l’aube et au créspuscule, donc nous n’aurons pas la chance de les apercevoir.

Après avoir un peu longé le canyon, nous arrivons devant une longue série de marches en pierres qui descendent au fond. En bas, nous devons nous frayer un chemin sur d’immenses blocs de pierre désordonnés qui parsèment le lit de la rivière. Ça me rappelle un peu le kloofing, activité proche du canyoning mais sans équipement (kloof désigne une ravine en afrikaans) que l’on faisait dans le Magaliesberg en Afrique du Sud.

En mode "kloofing"
En mode « kloofing »

Le guide nous conduit à un endroit où la rivière, jusqu’ici plutôt sèche, est alimentée par plusieurs cascades qui coulent depuis un flanc du canyon. Ça ressemble à un petit coin de paradis. Les cascades ont créé une oasis de végétation le long de la paroi et au niveau de la rivière se sont créées des piscines naturelles. On s’y arrête pour pique-niquer et se baigner.

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Un petit coin de paradis

En descendant, je glisse près d’un rebord rocheux d’1m de haut. Pour ne pas tomber je saute le rebord mais prend de la vitesse. Je me dirige vers le bassin puis dès que je pose le pied dans l’eau, je glisse sur le sol vaseux et m’étale de toute ma longueur sur le dos. La vase amortit ma chute et grâce à cette pirouette spectaculaire, je m’en sors avec une simple écorchure au coude.

L’eau est glacée, aussi je ne m’y éternise pas. Je vais ensuite sous les cascades et ô miracle, l’eau chauffée au sommet par le soleil est beaucoup plus agréable. Naturellement filtrée par les plantes de la paroi, elle est potable et est même très bonne.

Photo "Tahiti Douche"
Photo « Tahiti Douche »

Après quelques photos style « Tahiti Douche » et une fois notre casse-croûte avalé, nous remontons le canyon jusqu’à son extrémité. Le chemin est toujours sportif et sympa. Il passe près de peintures rupestres qui n’ont strictement aucun intérêt. Nous débouchons très près du village pour terminer cette randonnée.

Le lendemain, ayant la flemme de nous lever pour le premier bus à 6h, nous comptons sur celui de la mi-journée mais il ne part pas ce jour-là. Nous trouvons finalement un minibus qui ne part que quand il est plein. Il est très exigü et le trajet sera pénible. Nous arrivons à Cochabamba vers 19h. Nous avons juste le temps de sauter dans un taxi pour rejoindre le terminal de bus et trouver en catastrophe un bus qui nous emmène à Sucre.

En conclusion, le parc possède des atouts certains, mais ils n’ont pas encore réussi à bien les valoriser. Néanmoins, certains investissements « massifs » récents – la place principale, le mirador – font penser qu’ils ont un plan. Mais qui sait si finalement l’endroit ne perdra pas un peu de son charme si le tourisme de masse investit les lieux.

On retiendra :

  • un accès difficile et des choix contestables concernant l’organisation du tourisme et la conservation
  • la spéléo, c’est rigolo (à petites doses)
  • des paysages qui valent le détour, en particulier le canyon

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